Le 29 octobre 2015, « Yo! » franchit la ligne Wallace qui marque la fin du Pacifique et du monde Mélanésien.
Une frontière invisible traverse l’Indonésie. Ni politique, ni militaire, c’est une ligne océanographique, zoologique, biologique et culturelle. Empruntant le détroit de Macassar et le détroit de Lombok, elle coupe l’Indonésie en deux, Est/Ouest, et porte le nom du naturaliste Anglais qui le premier (1855) a constaté une discontinuité géographique dans la composition de la faune entre Bornéo et Sulawesi (détroit de Macassar) et Bali et Lombok (détroit de Lombok). A l’Ouest Bornéo, Sumatra, Java et Bali sont occupées par des espèces végétales et animales venues d’Asie (éléphants, tigres, lémuriens, orang-outang). A l’Est, Sulawesi, Lombok, Flores, Irian Java, on trouve des marsupiaux et cacatoès bien plus typiques de l’Australie et la Papouasie Nouvelle Guinée. D’un point de vue géologique, cette ligne a été formée il y a 150 millions d’années et correspond aux bordures des plateaux continentaux Sunda et Sahul. Elle suit la ligne des 200 mètres de profondeur et induit la même frontière zoologique pour les espèces marines.
Du détroit de Lombok (120° Est) et des Galápagos (90° Ouest), Wallace et Darwin eurent simultanément, au milieu du 19ème siècle, la même intuition, il en découla la Théorie de l’évolution.
La ligne Wallace marque également la fracture culturelle de l’Indonésie : à l’Est le monde Mélanésien de culture tribale encore forte qui peuple les NTT : Nusa Tenggara Timur (East Nusa Tenggara) aussi appelées Nusa Tertinggal Terus (les iles perpétuellement négligées) et à l’Ouest le monde Javanais qui a imposé une culture musulmane forte annihilant tout culture préexistante, sauf à Bali.
C’est pour nous, après l’expérience de la traversée dans la totalité de sa longueur de l’océan Pacifique (10 000 nm), l’étrave sur l’équateur, l’occasion de reparler de problèmes de robinets et de baignoires, de faire dialoguer le Grand Charles (voir post : Galapaglop) avec Gromiko (Wallace) et de confronter la vision minimaliste et critique de la science par l’Islam, le délicieux, « rendons grâce à Allah qui fait que cet avion vole».
Le Courant Nord-Sud Indonésien – The Indonesian Through Flow (ITF)
Les mers de l’archipel Indonésien sont le lieu de transfert des eaux de l’Océan Pacifique vers l’Océan Indien. Ce fort courant Nord-Sud provoqué par des différences de température, de salinité, de densité et de hauteurs d’eau induit des eaux très poissonneuses, une biodiversité impressionnante (4000 espèces répertoriées contre 1000 en Mer Rouge et 400 aux Caraïbes), des conditions de plongée sportives mais passionnantes et des conditions de navigation de type curling au bord des marmites surprenantes.
Au Nord-Ouest de l’Archipel, le niveau des eaux de l’Océan Pacifique est 15 centimètres au-dessus de la moyenne alors qu’au Sud le niveau des eaux de l’Océan Indien est de 15 centimètres au-dessous de la moyenne. Il en résulte un écart de 30 centimètres, causé par les alizés et les courants. Après avoir parcouru la totalité du Pacifique l’eau vient s’accumuler dans sa partie Ouest. Elle va donc chercher à s’écouler à travers la myriade d’iles qui s’étirent entre Bali et Timor provoquant des courants parmi les plus violents de la planète.
Le débit total d’eau salée est estimé à 15 Sverdrups [unité de mesure des débits océaniques donnée en l’honneur de l’océanographe Harald Sverdrup. 1 Sverdrup = 106 m³/s ou 0,001 km³/s. Pour comparaison, le Gulf Stream transporte environ 30 Sv le long des côtes de Floride et 100 Sv vers les 60°W. Le courant à Gibraltar : 1 Sv. Le courant circumpolaire antarctique dans le passage de Drake : 130 Sv]

Navigation dans le détroit de Lombok (25 nm), il s’agit du passage le plus direct des eaux du Pacifique s’échappant vers l’Océan Indien.

Sud de Rinca.
Alors qu’il essaie de s’écouler, l’ITF est bloqué et détourné par la géographie et la topographie sous-marine complexe de l’archipel aux 17 000 iles. La profondeur à l’entrée du détroit de Lombok est de 1500 mètres. Elle s’élève à 400 mètres au centre à l’endroit le plus étroit (« What a squeeze !») avant de retomber à 1500 mètres, puis 3000 et enfin 6000 mètres dans l’Océan Indien Sud.

Le Gunung Rinjani à Lombok. A l’ITF qui subit l’impact de la mousson de Sud Est -au plus fort (juillet, Aout, Septembre), le courant peut atteindre 8 knts –s’ajoutent des phénomènes d’upwelling le long des iles cônes volcaniques.

Very very wild diving at Gili Trawagan (Gili T pour les fêtards). Le détroit de Lombok est bordé au Nord par l’archipel des Gili et au Sud par l’ile de Nusa Penida où s’amusent « Current junkies » et « Wicked divers » dans les eaux froides (20°) des résurgences.
Les mers d’Indonésie constituent le seul bassin tropical de connexion entre les océans Pacifique et Indien. Il est appelé Continent Maritime par les climatologues car la présence de milliers d’îles limite le transport méridien de chaleur par les courants, c’est donc via l’atmosphère que va s’évacuer l’excédent d’énergie tout comme pour les bassins d’Amazonie et du Congo : ces trois blocs équatoriaux sont les trois sources principales de convection profonde (dont il résulte production d’ozone – éclairs – transport d’énergie vers les 30° Nord ou Sud par les cellules atmosphériques de Hadley). Ne seraient ces transferts massifs de chaleur de l’équateur vers les latitudes tempérées, ces dernières seraient invivables.
En ce qui concerne le transport océanique d’énergie de l’équateur vers les hautes latitudes, l’ITF transporte une grande quantité d’eau chaude dans l’Océan Indien, puis l’océan Atlantique par le courant des Aiguilles à la pointe Sud de l’Afrique. Les phénomènes d’upwelling provoquent une diminution de la température de l’eau qui influe significativement sur les échanges de chaleur air/mer, donc le niveau de précipitation et les systèmes de vent à la fois de l’Océan Pacifique et Indien.
L’ITF assure également une autre fonction : celle de mixer l’eau de surface et l’eau profonde en raison de sa force et l’accélération provoquée par la bathymétrie complexe de l’archipel. Alors que les eaux tropicales sont habituellement très pauvres, les eaux indonésiennes sont parmi les eaux les plus poissonneuses de la planète. En passant le long de Raja Ampat, Halmahera et North Sulawesi, l’ITF entraine une multitude d’œufs, larves et planctons. Les phénomènes d’upwelling font remonter à la surface les détritus et matières en décomposition, sources de phosphore et d’azote, éléments de nourriture des constituants de base de la chaine alimentaire marine. Ces phénomènes d’explosion de phytoplancton étaient la cause de la traversée fantasmagorique de la mer de Banda –phosphorescente et blanche- en août.
En bref, une fabuleuse machine…
De l’océanographie et zoologie à la fracture culturelle
Par-delà le règne animal et végétal, les types raciaux humains sont dissimilaires de chaque côté de la ligne Wallace, mais il n’est pas de bon ton de le mentionner, surtout lorsque des politiques d’épuration ethnique sont à l’œuvre comme en Irian Java.
Par contre, cette ligne imaginaire trace également une ligne de démarcation culturelle : à l’Est le monde mélanésien, le plus souvent à l’écart du développement et aux pratiques animistes intégrées superficiellement à l’Islam, à l’Ouest le monde Javanais qui exerce le pouvoir sur l’intégralité de l’archipel, à la limite de l’application de la Sharia.
La seule exception est Bali, l’enclave Bouddhiste tolérée car transformée en point de contact pivot avec le reste du monde. Les activités de Tourisme et d’Import-Export y sont particulièrement développées avec leur apport de devises, mais cela ne suffit plus à calmer l’appétit de l’ogre corrompu : de l’autre côté du détroit, l’ile de Lombok est majoritairement Musulmane mais pour tenter d’offrir une soupape à Bali saturée, les autorités ont déterminé que le tourisme y serait désormais concentré sur l’archipel des Gili au Nord, où tous les débordements (alcool, sexe, drogue) sont tolérés. On trouve donc sur toutes les brochures Gili Trawagan, l’excessive, Gili Air en développement et Gili Meno qui tente de préserver son authenticité.

Medana bay – Lombok.
Pirogue de pêche reconvertie en transport de bouteilles d’eau pour les touristes des Gili.

Livraison de matériel pour compétition de Beer-Pong, occupation préférée des jeunes touristes de Gili T.

Débarquement de sacs de ciment à Gili T, utilisés pour l’agrandissement de la mosquée et la construction de nouveaux resorts qui ceinturent déjà l’ile.

Expression 1 de la fracture culturelle.
… A quelques mètres des femmes portent des plaques de plâtre sur la tête.
Toujours sur la ligne blanche
C’est lors d’un accès de fièvre due à la malaria, qu’Alfred Russel Wallace alors dans l’archipel des Moluques élabora sa théorie de l’évolution : un principe de sélection naturelle qui implique une mutation progressive à partir d’un ancêtre commun, faisant que celui qui est le mieux adapté à son environnement, survit. Suite à cette « révélation » basée sur ses observations d’entomologiste, il envoya un document à Darwin qui du coup se précipita à publier son essai « De l’origine des espèces » dont il avait entamé la rédaction 20 ans auparavant.
![Varan de Komodo. Prédateur vorace endémique des iles de Komodo et Rinca. On suppose qu’il doit sa survie au fait que son habitat se site sur des iles inatteignables jusqu’à ce que le JiangDong (moteur in-board chinois) n’équipe toutes les pirogues, puis qu’il soit déclaré Espèce en danger [Animal à écailles, il est haram (interdit) mais ses œufs sont halal (autorisé) ; d’aucuns s’étonneront de l’inconséquence].](https://yodyssey.files.wordpress.com/2016/02/16-varan-18.jpg?w=584&h=438)
Varan de Komodo.
Prédateur vorace endémique des iles de Komodo et Rinca. On suppose qu’il doit sa survie au fait que son habitat se site sur des iles inatteignables jusqu’à ce que le JiangDong (moteur in-board chinois) n’équipe toutes les pirogues, puis qu’il soit déclaré Espèce en danger [Animal à écailles, il est haram (interdit) mais ses œufs sont halal (autorisé) ; d’aucuns s’étonneront de l’inconséquence].

Je ne mange qu’une fois par mois. J’attaque et mords mes proies (buffles, biches…), puis attends qu’elles s’écroulent sous l’effet de la pourriture de la morsure. A la saison des pluies, je ponds des œufs dans des trous qui seront noyés. Je me poste devant eux et attends que ma portée éclose. Affamé, je n’hésite pas à manger les petits à leur naissance. Les petits dragons ne doivent leur survie qu’au fait que j’oublie dans quel trou j’ai déposé ma ponte.
On s’est parfois posé la question de savoir si Darwin n’avait pas piqué sa théorie à Wallace récupérant ainsi toute la notoriété. Les deux théories présentent toutefois quelques nuances. Pour Darwin, la compétition entre les individus est le principal moteur de la sélection et de l’évolution les poussant à survivre et se reproduire. Pour Wallace, les pressions environnementales forcent les individus à s’adapter introduisant une différenciation entre les espèces.
Wallace fut un fervent défenseur de Darwin. Audacieux, il proposa dès 1864, d’inclure l’homme dans la théorie de l’évolution. Cette hypothèse de filiation de l’homme avec les grands singes, remettait en cause les principes éthiques et religieux alors que le principe d’un Dieu créateur était communément admis ; en fait Wallace attribuait tous les traits des organismes vivant à l’application du principe de sélection naturelle… sauf un : le cerveau humain d’inspiration divine ; la chose lui montant à la tête, il se discrédita en se convertissant peu de temps après au spiritisme. Alors qu’il les avait initialement écartées, Darwin reprend prudemment ces idées en 1871 dans la « Filiation de l’Homme ».
Enfin, il est saisissant de remarquer qu’un autre ardent défenseur de Charles Darwin est Thomas Henry Huxley surnommé le « bulldog » de Darwin et inventeur par provocation du mot Agnosticisme qui désigne l’impossibilité de connaitre ce qui dépasse l’expérience.
L’hérésie du doute et la démarche scientifique
L’Agnosticisme, aussi appelée pensée de l’interrogation, résulte selon Huxley de l’application de la démarche scientifique qui consiste à ne retenir que ce qui peut être démontré.
Elle est appliquée en particulier à la question de l’existence de Dieu. A la différence des croyants qui considèrent cette existence comme probable ou certaine, ou des athées qui l’estiment improbable ou impossible, les agnostiques refusent de trancher car il n’existe pas de preuve définitive en faveur de l’existence ou inexistence du divin. Malgré les avancées de la science qui tend à relativiser la place de l’homme dans l’univers, aucun élément n’est venu renforcer l’hypothèse de la genèse ou de l’ingérence d’un (des) Dieu(x) dans les affaires humaines. La Révélation se soustrait à l’analyse scientifique.
Par suite, les agnostiques n’accordent aucune valeur sacrée aux religions et à leurs institutions. Les religions ne sont vues que comme instruments de pouvoir ou constructions sociales qui ont pour fonction historique d’assurer la cohésion et l’ordre social.
Inutile de dire que les grandes religions monothéistes n’ont que peu d’appétence pour de telles démarches agnostiques et c’est avec une grande jubilation que nous les observons se tortiller avec maladresse en vue d’essayer de récupérer les bénéfices de la pensée scientifique sans en tirer toutes les conséquences.
Trois grandes religions monothéistes (Chrétienté, Islam et Pastafarism) vont ainsi être passées rapidement au crible de l’histoire de la raison (sans rentrer, faute de place, dans les détails propres à chaque secte au sein de la famille, les aficionados nous pardonneront), de même que sera précisée leur position vis-à-vis de la théorie de l’évolution , la ligne Wallace en sera témoin.
Chrétienté
Une brève introduction
Les Chrétiens ont choisi la difficulté, le Père, le Fils, l’Esprit Saint : trois égale un, de leur propre avis, il s’agit d’un mystère. Très bien ; nous avons essayé à multiples reprises, sous diverses latitudes, de répliquer ce mystère (reproductibilité, répétabilité sont les mamelles des plans d’expérience) sans grand succès hormis dans le souk avec des offres commerciales du style trois pour le prix d’un (même Bison Futé que l’on ne peut taxer de partialité insiste : un verre ça va, trois « bonjour les dégâts »). On en est resté là. Les systèmes de numération étaient pourtant déjà bien maitrisés autour de l’an 30… pour les profanes, Eudoxe avait posé l’existence des nombres irrationnels 400 ans avant JC, c’est tout dire.
En un second temps, le Dieu sous-jacent est défini comme omnipotent (peut tout faire) et omniscient (sait tout). En matière de logique formelle (ah le bon vieux Aristote), les deux sont incompatibles : si Dieu est omniscient, il sait déjà comment il va intervenir pour changer le cours de l’histoire en utilisant sa toute puissance. Cela implique qu’il ne peut pas changer d’avis, et qu’il n’est donc pas omnipotent, à moins qu’il ne sache pas comment il va intervenir… et c’est l’omniscience qui est en cause… joli fatras…
Chrétienté et science
Après une longue période d’obscurantisme que la Renaissance fit voler en éclat, l’Europe, base arrière de la Chrétienté, attaqua sa révolution urbaine. L’accumulation de richesses initiée avec le pillage des autres parties du monde par les croisades se trouve amplifiée jusqu’à l’orgie par la découverte des Amériques (récompense Divine) et la mise à sac de l’Afrique ; les savants, artistes, penseurs s’affranchissent des canons de l’Eglise, la sécularisation de l’Etat est enclenchée, et pour les bâtisseurs d’Empire, la Science avec son cortège d’avancées technologiques, est bien plus un atout qu’un handicap. Les uns et les autres transigent, aux religieux la conquête des âmes, aux autres la conquête de l’Ouest.
Mais la messe n’est pas dite pour autant car dans la droite ligne de la négation de Copernic et Galilée (il a fallu attendre Jean-Paul II en 1992 pour que ce dernier soit partiellement réhabilité), pour nombre de Chrétiens, le créationnisme (et ses avatars d’« intelligent design ») a tout autant droit de cité que la théorie de l’évolution, au point qu’un temps d’enseignement similaire lui soit alloué dans certaines universités.
Il est vrai qu’en matière de biologie, la Chrétienté a encore du chemin à faire ; on a du mal à saisir la subtilité de sectes qui refusent, sans raison, aux femmes et transsexuels l’accès à certaines fonctions dévolues à des hommes habillés en femme, étrange.
Enchaînant avec un peu de légèreté tout en introduisant les trouvailles des cousins sémites : le Dieu des Chrétiens maîtrise la transmutation de l’eau en vin, en cela, oui, oui, il s’agit bien d’un Sauveur. Pour l’Islam, il est un simple prophète dans la lignée de Moïse ; son successeur à la Mecque s’essaya à la même transmutation, sans succès, dégouté il décida d’interdire l’alcool… regardons cela de plus près….
Islam
Une brève introduction
Islam : « soumission de plein gré à la volonté de Dieu », tout commença vers 610 après JC dans le désert, lorsque Muhammad faisant retraite près de la Mecque, eut des visions et fût invité à réciter les textes que ses visions lui enseignaient. Ces « récitations » constituent le Coran (al-Qur’an).
Expulsés de la Mecque par les Païens en 622, Muhammad et ses (environ) 200 fidèles, s’exilèrent (hégire) à Médine avec deux changements majeurs :
- orientation politique, noyau d’un état théocratique qui deviendra exclusivement régi par le Coran lorsque ce dernier sera figé à la mort du prophète Muhammad,
- attitude réservée par rapport aux «gens de l’écriture », juifs et chrétiens, réputés avoir dévoyé les vrais doctrines ou bien avoir fait leur temps.
Le contenu de l’enseignement Coranique repose sur un fond religieux des plus simples : unicité du Dieu avec une mise en œuvre également simplifiée : profession de foi, prière cinq fois par jour, paiement de l’impôt de bienfaisance (zakat), jeûne du ramadan, pèlerinage à la Mecque. Le seul péché irrémissible est le shirk, le crime d’associer à Dieu d’autres divinités.
Se faire Musulman est donc aisé (ce qui en fit le succès auprès des pauvres et simples d’esprit), il suffit de réciter la shahada : «il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et Muhammad est son prophète », en sortir très difficile, l’apostasie est encore de nos jours fréquemment punie de mort, quelle religion tolérante..
Conçue sur un terreau occupé par les Juifs et les Chrétiens, révélée dans une langue (l’Arabe) dont elle est consubstantielle, à un homme à la biographie incertaine (les plus anciennes datent du IXème siècle), la religion mélange système social, politique, juridique revenant sans cesse à la source (ce qui est écrit) ainsi qu’aux diverses interprétations qui en ont pu être faites.
Il est remarquable que le Coran, selon les textes, ait été révélé aux Arabes pour que ceux-ci également (tout comme les Juifs puis les Chrétiens) aient leur livre sacré en leur propre langue (moi aussi, moi aussi….). D’aucun emploieraient le vocable de complexe d’infériorité surcompensé, nous ne nous y risquerons pas.
La religion étant révélée ne peut être en erreur. On assiste donc sur une multitude de sujets à de drôles de contorsions : il ne faut pas faire de l’argent avec l’argent, on invente donc la finance Islamique ; les constitutions prévoient l’égalité de tous les citoyens mais la femme n’est et ne sera pas l’égale de l’homme, on limite le nombre d’épouses ; le sang est tabou, mais une transfusion sera licite car il s’agit de protéger une vie ; etc….
Islam et science
Pour certains, au début fût le verbe, pour d’autres le grand glissement sémantique : l’Islam se range clairement dans la seconde catégorie avec une revendication « scientifique » qui outrepasse notablement la réalité.
Retour historique
En matière de Mathématiques, deux points éclaireront notre propos :
- C’est en Inde lors des premiers siècles de l’ère Chrétienne que l’on trouve les premières traces des chiffres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 actuels sans qu’ils soient utilisés dans un système positionnel ; le système devient positionnel et inclue le zéro (un cercle comme dans les traités d’astronomie Grecque) vers le VIIème siècle. Ce système est popularisé (et non pas inventé) par les Arabes Occidentaux vers le IXème siècle.
- Le terme d’algorithme tire son origine du nom du mathématicien et géographe Persan Al Khwarizmi (env. 820) dont le traité d’arithmétique servit à transmettre à l’Occident les règles de calcul sur la représentation décimale des nombres, découvertes par les mathématiciens de l’Inde.
Divers algorithmes étaient de fait connus dès l’Antiquité parmi lesquels, notamment :
- les règles de calcul de longueur d’arcs et de surfaces des civilisations égyptienne et grecque ;
- plusieurs méthodes de résolution d’équations en nombres entiers, à la suite des travaux de Diophante d’Alexandrie au IVème siècle ;
- l’algorithme d’Euclide (env. 300 av. J.-C.) qui permet le calcul du plus grand commun diviseur de deux nombres ;
- le schéma de calcul du nombre π dû à Archimède.
En matière de géographie, les travaux de Ptolémée furent sur le devant de la scène car il s’agit de mettre en parallèle la représentation terrestre présentée par Ptolémée avec (et, si possible, accordée à) celle que donnait le Qur’an, livre de la Révélation. Un tournant majeur se situe au début du Xème siècle, lorsqu’un Iranien, al-Balhi, décide de composer un atlas des pays d’Islam et d’eux seuls : avec lui et ses successeurs, l’espace de la géographie sera donc strictement musulman, bravo.
La médecine de Galien (200 après JC) est aussi complète à la chute de Rome qu’on la retrouvera à la Renaissance, chirurgie, hygiène, analyse diagnostique, pharmacopée, soins… tout y passe sauf que privé de la possibilité de disséquer des cadavres humains (sacrés curés), il se rabat sur les animaux – ses approximations ne seront levées qu’en 1550 par Vésale (sous la protection de la République de Venise, de fait hors juridiction Papale).
Rhazes (Perse), Averroes (Cordoue), Avicenne (Perse), Hunya (Chrétien), Ishaq ben Sulayman (Juif), autant de grands noms de la médecine, tout juste passeurs en fait des écrits d’Hippocrate de Galien…
Que lit-on fréquemment ? Les sciences, mathématiques, géographie, médecine doivent des apports significatifs au monde Arabo-Musulman, autant pour les Grecs, la Perse, l’Inde, les Chrétiens et les Juifs, autant pour la vérité historique…
Rien de vraiment exceptionnel en fin de compte, les rapports passés de l’Islam et de la science, se résument en fin de compte à :
- un gigantesque effort de traduction en Arabe (la langue du Coran) des productions Grecques,
- un rôle de passeur temporel et géographique des marchands Arabes et Perses (ces derniers étant progressivement mis au ban),
- quelques applications pratiques (très peu de théorique notable) sans commune mesure avec les revendications de religion éclairée.
Quid de nos jours ?
Deux éclairages complémentaires et attristants :
- Rapport de la Banque Islamique de Développement (repris par l’Unesco)
« Les 57 pays à population majoritairement musulmane ont sensiblement 23 % de la population mondiale, mais moins d’1 % des scientifiques et font à peine 0,1 % des découvertes originales mondiales liées à la recherche chaque année. Ces pays ont un pourcentage négligeable des dépôts de brevets aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Il est encore plus préoccupant que la main d’œuvre consacrée à la recherche et développement dans ces pays constitue seulement 1,2 % de l’ensemble de la main d’œuvre allouée aux sciences et technologies”.
(Les ratios sont similaires pour les pays Arabo-Musulmans stricto sensu, ce en dépit de niveau de pétro-dollars élevés à l’inverse du Pakistan ou de l’Indonésie).
2. Transcription de propos tenus par Mr Dalil Boubakeur, Recteur de la Grande Mosquée de Paris, Président du Conseil Français du Culte Musulman & Médecin, répondant à la question : « Comment l’Islam voit-il l’embryon ? »
« Nous avons dans le Coran une description assez complète de l’embryogenèse et d’un certain nombre de phases qui sont décrites de manière classique. Nous avons des termes consacrés aux différentes phases du développement embryonnaire qui commence dès le stade de la fixation de l’œuf, du blastocyste, à la nidation durant la deuxième semaine du développement et que se développe une circulation utéro-placentaire. Phase liquide de « Nutvah » en Arabe qui correspond à la fécondation ovulaire, c’est-à-dire à l’union des gamètes mâles et femelles, c’est la fusion des deux noyaux ou le zygote. La deuxième phase est la « Hallara », traduit par adhérence, caillot, sangsue, cette fonction se développe pendant la deuxième semaine et se traduit par jonction. La troisième phase et je terminerai là la description Coranique de l’embryon, on parle de « Mudrah », la substance mâchée qui correspond à un embryon de quatre semaines avec ses trente « Sumit » qui développeront les structures ostéo-musculaires, les segments et les régions du squelette. »
Il faut bien reconnaitre que le Coran représente une source inépuisable d’enseignements….. Avis aux amateurs.
Et en matière de théorie de l’évolution ?
La science est par nature faillible et ne réclame en aucun cas la vérité absolue. Or, le doute, même s’il est mentionné dans certaines pages du Coran, ne doit aboutir qu’au monothéisme définitif donc la soumission à Allah par l’acceptation des propos attribués à Mohamed son prophète. La théorie de l’évolution est exclue par l’Islam car en conflit avec le caractère sacré de la révélation, nommément la création de la descendance d’Adam par Allah. De sorte, on ne peut rien attendre de l’analyse scientifique sur ces sujets. CQFD.
L’Arabie Saoudite, entre autres, n’enseigne que la vision créationniste dans ses universités….
Pour les autres, c’est au mieux l’habituel argumentaire de mauvaise foi : «la création d’Adam par Allah est écrite dans le Coran mais il faut la prendre au sens figuré » par contre lorsqu’il s’agit de lapider une pauvre femme qui a fauté, d’exécuter des apostats, d’interdire l’athéisme le sens figuré est bien vite oublié… ma main gauche ignore ce que fait ma main droite…
Et c’est pour cela que, en dépit des ingénieurs d’Airbus, en dépit des motoristes de Rolls Royce ou Snecma, en dépit des systèmes électroniques sophistiqués, en dépit de siècles d’évolution scientifique et technologique à Londres, Paris, New York, Berlin, sur l’écran de l’avion apparaît au décollage : « rendons grâce à Allah qui fait que cet avion vole ».
Pastafarisme
Une brève introduction
Révélée en 2005, cette religion récente (mais qu’est-ce que mille ans à l’échelle de l’humanité ?) propose l’existence d’un dieu créateur surnaturel, le Monstre en spaghettis volant (dont l’apparence est celle d’un plat de spaghettis et de boulettes de viande) invisible et indétectable qui a créé l’univers après avoir beaucoup bu. L’ivresse du Monstre est la raison pour laquelle la Terre n’est pas parfaite.
Le paradis abrite des usines high-tech, des volcans de bière et une usine de stripteaseurs/euses selon les goûts de chacun. L’enfer pastafarien est similaire sauf que la bière est éventée et que les stripteaseurs/euses ont des infections sexuellement transmissibles.
Les pirates furent les premiers pastafariens, des êtres absolument divins ; l’image des pirates présentés comme des voleurs et des hors la loi résulte de la désinformation répandue par les théologiens Chrétiens alors qu’en réalité, les pirates sont des explorateurs pacifiques répandant la bonne Parole (et qui distribuaient des friandises aux petits enfants).
Pastafarisme et science
En ce qui concerne la théorie de l’évolution, toutes les preuves en suggérant la validité ont été créées par le Monstre pour induire en erreur et tester la foi des pastafariens. Lorsque des mesures scientifiques sont effectuées comme la datation par le carbone 14 ou le séquençage ADN, le Monstre en spaghettis volant en change les résultats avec son appendice nouillesque.
Tout comme les deux grandes religions monothéistes observées précédemment, la Pastafarisme postule que corrélation implique causalité : comme illustré ci-après, le réchauffement planétaire est une conséquence directe du nombre décroissant de Pirates depuis les années 1800.
On notera au passage que la Somalie a les plus basses émissions de gaz à effet de serre de tous les pays….. puisque le golfe d’Aden a le nombre le plus élevé de pirates. Ramen.
Synthèse des trois religions étudiées au regard de l’approche scientifique et de la théorie de l’évolution:
- Pour chacune, le grand nombre de catastrophes, de famines et de guerres est provoqué par le manque de respect et de prières envers leur divinité (grande peste, tsunami qui épargne les mosquées etc…)…
- Etant passées de plusieurs à un seul, ce qui est un début (quoique le côté consubstantiel permette à certains d’en caser plusieurs en un..), l’étape suivante est le zéro, mais ça coince, pas tant d’un point de vue théologique mais bien plus en matière de contrôle social et financier. Le zéro absolu fait peur, le véritable ennemi n’est donc pas le monothéiste concurrent mais l’athée…
- Les théories mathématiques permettent à des individus bêtes comme leurs pieds de communiquer en utilisant des téléphones portables – les voies du Seigneur – c’est normal ; la biologie permet de soigner leurs déficiences, c’est normal ; et ce sont les mêmes individus qui se permettent, au nom de leur Dieu, de leurs principes, de décréter ce qui est bon ou pas pour moi, la manière dont je dois m’habiller, ce que je dois manger, et avec qui je peux me marier, c’est normal…..
- La démarche scientifique est délibérément exclue du champ de la religion et ne doit pas s’y appliquer, challenger la non-utilisation de l’électricité le jour du Shabbat est un manque de respect…
- Les religieux créationnistes (oh combien nombreux) sont pour la plupart ignares en matière scientifique, confondent faits et théorie, un exemple sera bien plus parlant :
Faits
Le larynx et le pharynx sont disposés chez l’homme de manière inverse au « bon sens » nous conduisant à nous étouffer par inadvertance
L’homme et le chimpanzé ont 99% d’ADN commun
Théorie
Larynx/Pharynx
Option 1 : évolution à partir des poissons (cf Cuvier dès 1838)
Option 2 : Dieu s’est planté ou bien avait une idée derrière la tête
2. 99% ADN
Option 1 : existence attendue d’un co-ancêtre commun hominidé / chimpanzé / bonobo
Option 2 : Dieu a réutilisé de l’argile souillée par du sang de chimpanzé pour façonner Adam (et donc le sang est impur etc, etc….)
En dépit de cela, nos excités de la calebasse s’arrogent le droit de discutailler la validité des théories au motif que la leur a été « révélée », qu’il s’agit d’un « mystère », que c’est « écrit »….
Que la Sainte Nouille soit avec vous et avec votre esprit, Ramen.
Avec nos meilleures pensées, Santé et Sobriété,
Stéphanie / Christophe
Koh Lippe – Thaïlande
6 Février 2016
Quelle cohérence dans l’exposé, quelle aisance dans l’écriture, quelle présence dans l’iconoclastie, quelle joie dans la projection ! Bento Spinozza au 17ème siècle n’était qu’un modeste précurseur.
J’oubliais la profondeur de l’érudition. C’est presque trivial de la souligner, mais pourquoi se le refuser.