11 mai – 6h30 heure locale (UTC – 7) Yo! est sur ancre à Puerto Villamil au Sud de l’île d’Isabela dans l’archipel des Galápagos : 00° S 58.0 – 90° W 57.7. Les îlets Tintoreras protègent le petit mouillage de la grande houle du Sud que l’on voit briser. Généralement ce sont les dauphins qui nous accueillent lors des atterrissages, cette fois, ce sont les requins. Au mouillage une petite dizaine de bateaux, les otaries sont reines, les fous de Bassan ont les pieds bleus et les pingouins sont très affairés.
Nous sommes épuisés mais ravis, la première navigation Pacifique fut un régal et, en toute modestie, nous qui sommes les champions du monde de la modestie, nous sommes un peu fiers de nos choix stratégiques qui nous ont permis d’effectuer la traversée Panama/Galápagos (1 000 MN) en 9 jours avec 20 heures de moteur seulement pour ce qui est donné comme une des pires étapes tour-du-mondiste en raison de l’absence de vent résultant de la présence de la ZCIT (Zone de Convergence Inter Tropicale) autre dénomination, pseudo-scientifique, de l’abominable et malfaisant POT AU NOIR
Le décor climatologique : autour de l’équateur, une zone de basse pression caractérisée par une absence de vent notoire et une zone de convergence orageuse plus ou moins sévère.
Les recommandations du pape de la navigation hauturière Jimmy Cornell : quitter le golfe de Panama en profitant des alizés Nord-Est échappés de l’Atlantique, descendre à l’Est de l’île de Malpélo au large de la Colombie jusqu’au 3°Nord (le plus vraisemblablement au moteur), puis récupérer les alizés de Sud-Est, empocher Humboldt réputé pour ses résurgences d’eau froide le long de la côte Chili/Pérou (paradoxalement ce courant engendre une condensation incroyable au large des côtes chilienne et péruvienne qui forme un véritable écran aux influences océaniques venues du Pacifique et crée, au bord même de la mer, un des déserts les plus absolus du monde – l’Atacama en fait partie) et se laisser porter.
A partir des informations récupérées aux Perlas (une escale peu recommandable les Perlas…) fin Avril nous commençons à supposer que les conditions attendues ne seront pas forcément au rendez-vous. Tout d’abord, une forte présomption de phénomène El Nino pour la deuxième partie de l’année 2014 qui viendra perturber tous les schémas météorologiques classiques, puis la récupération de la carte des courants du logiciel OSCAR (Ocean Surface Current Analysis Real Time) de la NOAA nous laisse penser que le courant d’Humboldt n’est pas là et que pire, l’équateur est ceint d’une large bande de courant portant à l’Est. La ZCIT est déjà très largement remontée au Nord –il ne sera donc pas nécessaire de la traverser- mais n’exempte pas de forts phénomènes de convergence orageuse et d’absence de vent – le Thalweg de Mousson comme disent les Gilots Empetrés. Enfin les fichiers vent (Gribs) témoignent plus au Sud d’une absence d’alizés de Sud- Est flagrante.
Ca s’annonce donc galère.
La navigation débute par une alternance de vents variables et de pétoles dans le golfe de Panama, une chaleur à crever, d’immenses formations orageuses et bien évidemment la nuit, déboulent les graupels qui s’en donnent à cœur joie. Rien que le nom, tout un programme : en fait il s’agit de particules de glace qui possèdent des vitesses de chute de l’ordre d’un mètre par seconde dans le nuage, en collision avec les cristaux qui sont eux (du fait de leur structure fractale) en quasi suspension, ce qui génère les charges électriques propres aux éclairs. Et donc, oui, il y a des graupels absolument partout, d’énormes masses nuageuses et noires qui s’éclairent subitement sur des hauteurs et distances incroyables… pas glop.
La plupart des décharges sont internes aux nuages mais parfois viennent nuage/sol ou mer (foudre) et on aime pas du tout même si “Yo!” fait un peu cage de Faraday. Du coup, black-out, nous débranchons toute l’électronique, à l’ancienne.
Puis ça continue. Au matin, ciel complètement bouché, houle d’Ouest, et bien sûr la dernière couche, la pluie, des trombes qui tuent le vent, ne restent que la houle, l’eau mouillée qui dégouline… Seul point positif, le seau à l’extrémité de la bôme produit ses 20 litres d’eau douce… à la Moitessier.
Milieu de journée, c’est la panne sèche. SOG (Speed Over Ground = Vitesse fond) égale à 0. Moteur arrêté, on ne dérive même pas. On regarde fonctionner la machine à nuages avant qu’ils ne se vident derrière de grands rideaux noirs.
J + 3 : enfin Malpelo : des falaises plantées dans la mer sur plus de mille mètres de fond. Un couple d’orques nous rend visite. Ces espèces de gros machins noirs et blancs qui chassent les baleines… Curieux, ils foncent sur nous. Peut-être pensent-ils que la carène blanche de « Yo! » est comestible. En tout cas, de sacrés morceaux. Bien contents d’être protégés par le portique sur l’arrière dès fois que ça saute pour nous crouter !
J+4 : l’aboutissement de longues heures d’analyse et de discussions, genre les Opiaces contre les Coriaces (nous avons des lettres…), il est vraiment temps de challenger les classiques et nous tranchons au petit matin: route directe sur les Galápagos.
Pour remettre dans le contexte:
Option Cornélienne (de Cornell, le pape pas le classique des Horaces et Curiaces) : descendre très au Sud (quasi sur l’équateur) avant de mettre cap à l’Ouest. Les raisons invoquées sont : traversée perpendiculaire de la ZCIT (pot au noir) donc au plus court (mais au moteur), courant portant sur la route Sud et au point d’inflexion vers l’Ouest, récupération du monstrueux courant de Humboldt qui porte Nord-Ouest puis Ouest et qu’il ne faut pas prendre trop tôt autrement on rate les Galapagos (c’est arrivé, si, si).
Option El Nino (hypothèse de la mise en place d’un évènement El Nino) : résultant d’un ensemble d’éléments majeurs à l’échelle synoptique, le phénomène El Nino conduit à une inversion de flux significative. Au lieu d’être poussées Est vers Ouest par Humboldt et les Alizés, les eaux chaudes du Pacifique Ouest (Australie/Nouvelle Calédonie) reviennent massivement sur l’Est, détournant Humboldt, affaiblissant les Alizés, modifiant la position de la ZCIT et engendrant une tétra-chiée de phénomènes induits en cascade (moins de cyclones dans l’Atlantique mais plus dans le Pacifique, sécheresse accrue sur l’Océanie/Asie/Afrique, inondations en Amérique du Sud, régimes de mousson perturbés, vagues de chaleur etc…)
S’il y a émergence d’un phénomène El Nino on devrait voir des courants portant à l’Est (sans relation, notons au passage que le Captain porte à gauche). Certains sites (OSCAR de la NOAA par exemple) semblent l’indiquer mais les mesures par altimétrie en sont à leurs balbutiements.
Et bien, à nouveau, approche Bayésienne, Révérend nous voilà : on a relevé et comparé consciencieusement pendant 24 heures les vitesses et routes fond via GPS et bato, fait de savants calculs de trigonométrie afin de modéliser les courants qui nous affectent. Ces mesures permettent de déterminer la présence d’un courant plus ou moins constant d’environ 1,5 noeuds portant à l’Est peu compatible avec les prémisses Cornéliens. Par contre, cela augmente la vraisemblance de l’option El Nino (comme un remake d’« Oscar m’a sauver »).
Conclusion : Si l’on suit cette logique et que l’on admet la fiabilité des prévisions de champs de vent sur la semaine à venir, le débat Cornélien/Bayésien est tranché : option deux. Il en résulte le choix d’une route directe vers les Galápagos afin de minimiser l’impact du courant, car il ne s’agit pas de descendre sur l’équateur pour ensuite se taper 600nm avec le courant dans le nez.
Et donc à partir de J+4, nous implémentons ce choix stratégique avec persévérance et opiniâtreté, car cela conduit à une route au près serré : ça gite fort, ça cogne fort, ça bouge beaucoup. Les miles utiles journaliers sont d’abord d’un rapport de 75%, avant d’atteindre 98%. Ça commence à ressembler à la route vers les Galapaglop. Surtout quand le vent forcit : S/SSE Force 5 établi, rafales à 6 et mer formée. On cherche toujours le courant de Humboldt, mais le courant s’établi peu à peu au Sud puis à l’Est, ce qui nous permet de faire une route rapide à quelques degrés d’écart de la route vers Santa Cruz.
A J+9, le 10 mai à 3h27, nous franchissons l’équateur par 89° Ouest. Nous ne sommes plus qu’à 92 NM de Isabela. A cette occasion, le Capitaine et l’équipage au complet sont réunis sur le pont pour les offrandes à Neptune (un verre de champagne bien tassé par personne – merci Vincent !) puis savourer le moment sans trop de charivari.
Il a été reporté dans la littérature qu’il était acceptable que les offrandes aient été filtrées par les reins mais nous en doutons et, sans être pour autant superstitieux, avons effectué une cérémonie du plus grand classicisme.

Pour ceux qui aiment les chiffres ronds, nous sommes partis de 45° Nord, 0° Ouest (Greenwich) et franchissons la ligne par 0° Nord, 90° Ouest, il y a du Pythagore qui traine dans ces angles !
Le lendemain, reste plus qu’à assurer un atterrissage sans carte. Mais c’est une autre histoire…
Apres avoir obtenu le très couteux et recherché « Permiso »valable 20 jours grâce à l’intercession de JC Sotto (Julius Caesar !) et moyennant l’évaporation de plusieurs centaines de dollars, nous installons la « Yo! chaire d’éthonologie nautique » au cœur de l’archipel des Galápagos, la Mecque du Darwinisme, Salam Aleikoum…
Darwin n’a passé que 5 semaines aux Galápagos, a sans aucun doute mangé de la tortue (au moins une trentaine ont été reporté cuisinées à bord de son navire le Beagle) et son bouquin phare “L’origine des Espèces” (l’OS pour les initiés) ne fait que très peu référence à l’archipel (p 410-412 principalement). Nous reviendrons sur le sujet!
Darwin s’est interrogé sur la problématique suivante : comment la vie une fois lancée s’est-elle développée avec une diversité et une complexité stupéfiante en donnant l’illusion d’un dessein intelligent ?
Au milieu du 19ème siècle, les savants sont à fond dans les découvertes globales, la mise en place d’éléments théoriques. Les idées tournent, s’enrichissent, chacun grimpant à tour de rôle sur les épaules de géant de ses collègues/prédécesseurs (quelques décennies plus tard, Albert s’appuiera sur les équations d’électro-magnétisme de Lorentz pour développer son tout relatif, il n’aurait rien pu faire tout seul).
Darwin quant à lui s’appuie sur Lamarck, le boss de la « philosophie zoologique » et Malthus « logique du principe de population », lit beaucoup et beaucoup, effectue des expériences, interagit tant et plus, embarque à bord du Beagle pour un périple de cinq ans autour du monde dont il revient en 1836, hérite, se pose et commence à réfléchir/rédiger. 22 ans plus tard, Wallace qui vit en Indonésie lui fait part par courrier de ses découvertes en matière de théorie de l’évolution, Darwin réalise que la paternité du machin risque de lui être soufflée et rédige rapidement un résumé (400 pages tout de même) de ses travaux, le célèbre « Origin of Species ».
Il y fait montre d’une clarté d’analyse, de synthèse et d’ingéniosité rare pour l’époque.
Partant des expériences de domestication d’espèces (plantes/animaux) par l’homme lequel agit comme principe de sélection « artificielle », Darwin s’appuie sur les travaux de Malthus pour introduire la notion de compétition inter et intra espèces dans des environnements à ressources finies, et ainsi poser le principe de sélection « naturelle », sélection des traits avantageux dans la lutte pour la survie et donc augmentant la possibilité de reproduction , « la survie du plus apte ».
Il pose ainsi les principes de SA théorie à lui (il semblait avoir un égo légèrement renforcé) qu’il nomme « descendance avec sélection naturelle », dans laquelle il introduit notamment les notions répandues de nos jours de co-ancêtre (pro géniteur), d’évolution sous pression physique et/ou géographique et/ou climatologique, de spéciation résultant de barrières, de préférence sexuelle, d’héritage de caractères joints (situés sur des locus proches), de mécanismes d’extinction d’espèces inadaptées etc….
L’OS représente une moisson incroyable d’apports conceptuels à la biologie et à la compréhension par l’homme du monde dans lequel nous vivons.
Dans son bouquin, Darwin intuite deux apports ultérieurs majeurs mais bien évidemment, ne peut rien démontrer :
- les mécanismes de transmission du patrimoine génétique dont Mendel définira les bases dès 1869 mais qui sera vraiment reconnu circa 1900
- la théorie de la dérive des continents proposée par Wegener en 1912 mais finalement acceptée dans les années 1960…
Darwin s’est appliqué, avec les moyens du bord et une grande rigueur de raisonnement à déjouer par avance et avec grand succès les objections des « créationnistes » mais ceux-ci, bientôt 200 ans plus tard et en dépit des preuves accumulées, ne désarment pas et continuent à nous c*** les c***.
Un peu prudent le bougre, il a délibérément exclu l’humain de l’Origine des Espèces, gardant la patate chaude pour 1871 avec « La descendance de l’homme » où il se décide à aborder l’ascendance animale de noszigues. On imagine le tollé.
D’aucun se souviendront du Marquis de Laplace (co-découvreur avec le Révérend Tom des probabilités Bayésiennes) lequel avait expliqué à Napoléon Bonaparte n’avoir pas eu « besoin de Dieu » pour justifier ses importantes avancées en mécanique céleste ; de même, Darwin en ce qui concerne le vivant propose une théorie générale qui ne nécessite en rien l’intervention d’un principe supérieur. La pilule est amère pour les déistes.
So far, so good. Les fondations ayant été posées par le grand Charles, l’édifice a bien évolué depuis en une « théorie synthétique de l’évolution » qui intègre notamment la génétique et est communément acceptée par les scientifiques.
On notera au passage, que selon cette théorie, il n’y a pas d’entité créatrice qui donne subitement vie à une espèce complètement et définitivement formée ce qui nous détourne d’un Intelligent Design sans pour autant renoncer aux mythes.
En dépit de nos formations/déformations scolaires, il est essentiel d’intégrer que l’évolution n’a aucune finalité particulière; il s’agit juste d’un ensemble de mécanismes régulant la transmission du patrimoine génétique nécessaire à la réplication du vivant.
Les processus évolutionnistes se déroulent sur des centaines de millions d’années, des centaines de milliers de générations et plus la fréquence de réplication sera rapide (e.g. bactéries, bêtes aux grandes zoreilles), plus l’évolution sera opérante.
Cette échelle peu compatible avec l’échelle de la perception humaine, illustre le caractère graduel et cumulatif mais inconstant du phénomène dont le moindre des paradoxes apparents est le concept de co-ancêtre : les ancêtres de tout le monde sont communs à tous è il n’est pas exact de dire que l’homme descende du singe, mais plutôt qu’il y a environ 6 millions d’années les grands singes et les hominidés avaient un ancêtre commun ; nous avons tous évolués sur des chemins distincts à partir de lui (l’unique !!) mais il a bien existé et forcément s’est éteint car non adapté dans la course à la survie où ses descendants (grands singes et hominidés) se sont révélés plus aptes… (nous verserons une larme au passage sur notre proche cousin de Cro-Magnon impitoyablement exterminé par Homo Sapiens…RIP).
Cette formidable remontée dans l’espace-temps vers un co-ancêtre unique (la première bactérie) est schématisée dans l’échelle de Richard Dawkins ci-après, lequel Dawkins pousse le raisonnement aux limites « les organismes sont des artifices inventés par les gènes pour les [les gènes] reproduire » ; en bref si l’objectif est la survie des gènes, l’homme (tout comme tout autre être vivant) n’est qu’un véhicule. Soyons humbles.
R Dawkins – Nos ancêtres… (click pour ouvrir)
Les trois questions
Tribus de chasseurs-cueilleurs, l’espèce humaine a brutalement décollé il y a 10 000 ans avec la domestication d’espèces végétales (blé, riz) et animales (caprins, loups etc) qui ont entrainé une sédentarisation massive dont a résulté l’invention de l’écriture, la goutte d’eau qui mit le feu aux poudres ; la machine infernale du progrès était lancée.
Vu sous un autre angle, domestication, sédentarisation, accumulation de savoir, règles de vie en société (code Hammurabi), élaboration d’éthiques (religions, philosophies) sont autant d’illustrations du formidable effort de l’espèce humaine afin de s’affranchir de la sélection naturelle.
Ceci s’est accéléré avec les grandes découvertes, la révolution industrielle, l’urbanisation puis la mise au point de médicaments et autres modificateurs de comportement qui permettent artificiellement de trafiquer l’espérance de vie tout comme les mécanismes de reproduction.
Les conséquences en sont :
- une densité humaine qui rend la préservation du patrimoine génétique humain inutile (en quoi mon patrimoine génétique se distingue-t-il et améliore-t-il la survie de l’espèce lorsque nous sommes huit milliards ?)
- un lissage des critères de survie par globalisation et uniformisation des conditions de survie (la réduction de la mortalité infantile provient-elle de l’amélioration des bébés à la naissance ?)
- le maintien de catégories de populations notoirement inadaptées alors que le pillage des ressources de la planète s’accroit (par charité, nous ne citerons pas d’exemple).
Question 1 : pensez-vous que l’espèce humaine se soit affranchie de la « sélection naturelle » ?
Parallèlement, on constate une inadéquation des échelles temps. La fréquence d’adaptation culturelle au sein d’une même génération est largement supérieure au temps d’adaptation génétique.
Question 2 : pourrait-on alors parler d’un nouveau Darwinisme propre à l’espèce humaine, qui traduirait une formalisation de la transmission de l’information par des moyens non génétiques ?
Enfin, revenant à notre bon Charles et à la théorie de l’évolution, on sait que toute espèce, en dépit du fait qu’elle ait bénéficié de mutations favorables sur de longues périodes, garde une probabilité quasi constante de s’éteindre principalement du fait de modification majeures de l’environnement, (climat, ressources, autres espèces…). Peu importe la puissance d’aujourd’hui, il faut quand même survivre demain… dans « Alice de l’autre côté du miroir » La Reine Rouge : « It takes all the running you can do, to keep in the same place »
Question 3: l’espèce humaine, à travers le progrès scientifique initié par la civilisation dominante, a-t-elle pris l’autocontrôle de son évolution ?
Un peu de légèreté que diable, revenons aux Galápagos et à ce magnifique contre-sens biologico-touristique, la Tortue Terrestre – cela nous changera du Pélican, le lecteur attentif notera que Gotlib a immortalisé les deux.

Tortue des Galápagos. Totalement inadaptée au monde actuel, elle ne survit que dans les centres d’élevage.
Les tortues des Galápagos sont originaires du continent Américain, tout comme les oiseaux et les plantes (il n’y a jamais de mammifères sur les îles océaniques trop éloignées des côtes, événtuellement des chauve-souris pour les plus proches). C’est en fait une population arriérée, n’ayant subie aucune transformation depuis des millénaires en l’absence de prédateurs et de pression environnementale, bref une survivance du passé (comme pourraient l’être nos cousins Cro-Magnons auraient-ils été isolés sur une île que l’on découvrirait aujourd’hui). Cette population a drastiquement baissé depuis la date de la découverte de l’archipel, la colonisation par l’homme et l’introduction de mammifères prédateurs. Elle fait donc aujourd’hui l’objet d’un programme spécifique destiné à sauver les spécimens existants.
En raison des afflux de touristes et malgré un contrôle très strict de la communauté scientifique internationale et du gouvernement Equatorien, la population des îles est multipliée par 2. Ces touristes, en grande majorité américains et fortunés, pour lesquels la rareté et l’exclusivité sont organisés par la pratique de tarifs aberrants (6000$ la semaine), viennent s’esbaudir devant « l’incroyable » biodiversité. Ils sont convaincus d’approcher des espèces originales, preuves vivantes de la théorie de l’évolution dont la placidité est une illustration de la béatitude d’avant la chute (le serpent, la pomme, tout ça…).
Au contraire, nous le percevons comme un message perverti : une espèce dominante en voie de disparition vient à la rencontre d’autres espèces inadaptées de par le blocage (par isolement) de leur évolution. L’autre côté du miroir….

Au XIXème siècle, l’archipel des Galapagos était une base importante pour la chasse à la baleine. Sur chaque bateau des tortues étaient chargées comme réserve de viande fraîche, en précipitant l’effondrement de la population.
Pas fâchés d’abandonner les impasses évolutionnistes sur leur cailloux de lave, nous nous apprêtons à nous élancer pour la traversée de 3000 miles d’étendue bleue et salée, direction les Marquises, de 20 à 30 jours de mer, de quoi réfléchir…

Passager clandestin. L’amènera-t-on jusqu’aux Marquises ?
Bien cuisiné, cela pourrait en rendre plus d’un heureux.
Avec nos meilleures pensées, Santé et Sobriété,
Stéphanie / Christophe
Puerto Villamil – Isabela – Galapagos – Ecuador
25 mai 2014
Pour en savoir un peu plus :
L’Origine des Espèces (OS) – Darwin – 1ère édition, c’est le top.
Il était une fois nos ancêtres – Richard Dawkins
Just for the fun :
Sketchs Bestiaire d’amour (Green porno) d’ Isabella Rosselini joués à la salle Gaveau tout de même !
Pour rêver aux extensions en neurosciences de la théorie de Darwin (idéal à écouter en podcasts la nuit à la barre) :
L’émission sur France Inter de JC Ameisen : « Sur les épaules de Darwin ».
bravo ! après la Méditerranée,de F.Braudel,tu es mûr pour les “Immémoriaux” de Victor Segalen .Merci Darwin !
Mon cher skipper (qui dit qu’il porte à gauche : oui, mais dans l’hémisphère nord).
Ma chère skipperine (qui ne dit pas qu’elle porte jarretelle mais on s’en doute),
Quelques observations rapides :
– je salue votre navigation irréprochable : Choisir la route directe après cogitations, projections, supputations, analyses et synthèses d’options diverses et variantes tortueuses plus ou moins justifiées est souvent la meilleure solution. La preuve, Christophe Colomb. On connait l’histoire : une autre option aurait pu le conduire aux indes orientales et s’en était foutu de la joncaille. Pire, les indiens auraient survécu, on était dans la mouise en 44 et Clinton et Monica etc …( mais c’est nul mon truc…. là)
-Le poteau noir, dressé sur des flots glauques et mous est une marque de parcours, il faut le laisser à babord. L’avez vous passé ainsi ?
-Question : l’avant dernier hominidé avant celui qui est affalé devant son vieil ordi, que porte-t-il ? un marteau piqueur ? une grosse seringue ?
-Oh P… l’otarie sur la plage arrière
Il est zéro heure trente et un local, et je vais prendre mon 1/4 (d’abord de rouge et ensuite dans ma bannette). Pour cogiter aux 3 questions posées.
Consignes pour la nuit : cap sur l’étrave et réveillez moi si j’ai soif.
Je repasse sans tarder.
Jacq.
Encore un beau chapitre et beaucoup de réflexivité et d’intelligence. Un proverbe dit: pour aller vite, pars seul; pour aller loin, pars à plusieurs. L’accès aux données dont vous disposez et que vous avez la capacité de transformer en connaissance vous permet d’aller vite et loin.
Cela mène a mes réponses aux questions. 1: oui, 2: oui 3: non. 3 résulte de 1 et 2. Allez, j’ai encore un topo bayesien a préparer 🙂