Fini les îles volcaniques ! Pour Heiva 2014, le festival qui célèbre le cœur de l’hiver en Polynésie Française et qui culmine (quelle coïncidence !) avec la fête nationale du 14 juillet, « Yo ! » explore l’archipel des Tuamotu : une guirlande d’atolls orientée SE/NO qui s’étend sur 1 000 km.
Un atoll est une couronne de corail qui enserre un lagon. Les coraux ont poussé depuis des millions d’années sur les flancs d’un volcan désormais effondré.
En règle générale, sur la partie Nord quelques îlots (motus – d’où les Tuamotu…) plantés de cocotiers où sont établis les villages éventuels ; hors construction humaine, l’altitude maximale y est celle du plus haut cocotier (20mètres), d’où un écho radar entre 5 et 10 nautiques au mieux.
La partie Sud est le plus souvent battue par la violente houle issue des 40ièmes (rugissants) et 50ièmes (hurlants), il ne reste que le récif, invisible à moins d’y voir briser les vagues. Les deux tiers des atolls disposent d’une passe naturelle dans la barrière de corail qui permet, de s’aventurer à l’intérieur du lagon, farci de « patates » (têtes) de corail affleurant.
Ces caractéristiques font que cet archipel avait une sinistre réputation et était évité par la plupart des navigateurs (« l’archipel dangereux »). Magellan déjà, perdu dans le Pacifique dans sa quête des Moluques, arrivant à Napuka est tellement déçu par une telle aridité qu’il baptise ces îlots : Iles du Désappointement. Puis Thor Heyerdahl dans sa tentative de montrer que le peuplement du Pacifique s’est effectué à partir de l’Amérique du Sud vers l’Asie en profitant des courants (hypothèse révélée entièrement fausse, le trésor des Cathares itou) s’est échoué avec le Kon Tiki sur la bordure Est de l’atoll de Raroia (à voir la quantité de bouteilles en plastiques étiquetées made in China qui continuent à s’échouer par ici, nul ne doute de l’aberration de son hypothèse).

Flotteur de pêcheurs de perle. On les trouve partout sur les récifs au vent. Nous nous en servons pour sécuriser le mouillage et éviter que la chaine ne s’emmêle dans les patates de corail.
L’âpreté de l’environnement et du climat font que ces îlots sont peu peuplés (environ 16 000 habitants répartis sur 40 atolls). Hormis le poisson, la noix de coco et quelques légumes cultivés dans les potagers qui résistent à l’atmosphère saline (le pamplemousse des Marquises est très apprécié), toutes les denrées sont importées. La seule source d’eau douce est la pluie collectée dans des citernes adossées à toutes les maisons. Régulièrement un cyclone ou une tempête tropicale crée d’énormes vagues qui viennent ravager les atolls et tout est à recommencer.

Il existait 2 villages sur l’atoll de Tahanea. Ils ont été abandonnés, la barrière de corail est trop étroite pour protéger de la houle. Une base est encore utilisée au moment de la récolte du coprah.
Enfin, comme si tout cela ne suffisait pas, la France, boutée hors d’Afrique, a choisi les atolls de Mururoa et Fangataufa pour sites de ses essais nucléaires… au vent de l’ensemble de l’archipel pour être certain que tout un chacun en profite…
Mais à condition d’être équipé d’un GPS, d’accepter de se priver de réseau, de préparer soigneusement les navigations, de veiller en permanence aux dangers éventuels, de posséder un dessalinisateur et un stock de produits frais, de gaz, d’essence, l’archipel devient une destination tout à fait fréquentable pour ceux qui veulent connaitre la paradoxale impression d’être isolé au cœur d’un atoll inhabité de 30km de diamètre tout en étant à deux jours à peine de navigation de Tahiti, capitale flamboyante du Pacifique Sud.
Depuis le 10 juillet, les atolls de Makemo, Tahanea, Fakarava & Toau nous ont ouvert leurs passes, confirmant combien la navigation dans l’archipel nécessite d’avoir les nerfs bien accrochés ainsi que les précautions particulières à prendre:
- arrivée de jour quitte à patienter à la cape en mer ou à ralentir outrageusement la vitesse du bateau – de toute manière peu de balisage
- entrée/sortie des passes à l’étale (basse mer de préférence) en évitant à tout prix le vent contre le courant qui lève un mascaret impraticable
- navigation dans le lagon avec le soleil dans le dos pour être sûr d’identifier les patates de corail – voire un observateur dans la mâture
- choix de mouillage à l’abri du motu alors que dans les plus grands atolls une houle traîtresse peut se lever après quelques jours de vent fort de Sud-Est
- mouillage solide mais suffisamment laxe de sorte que la chaîne ne s’enroule pas dans le corail jusqu’à arracher le davier

Courant sortant dans la passe Arikitamiro Atoll de Makemo. Vitesse du courant évalué à 8 knts – pas la peine d’essayer d’entrer !
L’estimation de l’heure d’étale (haute ou basse mer) conditionne une entrée dans le lagon sans trop de stress, c’est le moment où les courants les plus faibles sont attendus.
Tahiti est un point amphidromique (les ondes de marées lunaire s’y annulent, ne reste que l’influence du Soleil), les Tuams sont un peu à côté, du coup le marnage y est seulement de 50 centimètres, pas de souci de prime abord……. sauf que, un lagon fait facilement 50 x 20 km, soit 1 milliard de m2, fois 0.5 m de marnage, cela représente quand même 500 millions de m3 à entrer et sortir deux fois par jour (marées semi-diurne) – et il faut faire passer tout cela par une ou deux passes rikikies de 100m de large x 10m de fond, soit 1000 m2 de section, un élève de seconde littéraire en déduira l’ordre de grandeur du courant alternativement entrant/sortant (entre 5 et 10 nœuds, plus que la vitesse de « Yo ! »). Si on rajoute de la houle brisant sur le récif qui contribue à remplir le lagon (ensilage), du vent contre le courant, on se trouve en présence des mascarets susmentionnés…. brrrr
La pratique et l’observation démontrent une nouvelle fois que malgré notre héros Laplace (oui, oui, celui qui avait réinventé le révérend Bayes et n’avait « pas eu besoin de Dieu pour les calculs de marées ») le calcul des heures de marée n’est pas une science exacte (léger avantage au SHOM par rapport à la NOAA) avec au mieux 4 atolls répertoriés, pour le reste, c’est : débrouillez-vous.
Ceci démontre l’intérêt de nos centres prévisionnistes pour ces poussières d’îles qui permettent pourtant à la France d’être la deuxième puissance maritime par la superficie de l’espace marin contrôlé. De même, alors que de multiples croiseurs ont patrouillé ces eaux dans tous les sens, étonnant de trouver sur les cartes du SHOM, non-hydrographiées au deux tiers, le commentaire suivant : « Pour pallier l’absence de données hydrographiques dans de vastes zones, des informations bathymétriques et topographiques issues de l’interprétation par le SHOM de données du satellite SPOT ont été figurées sur cette carte… Les zones qui figurent en gris correspondent à l’emprise des nuages visibles sur les images SPOT ; il peut y exister des dangers non détectés ». De même, que dire du bulletin de MétéoFrance identique depuis le 1er juillet : Secteur EST 11/16Kts, rafales 25/30Kts, Mer agitée…
Alors, oui on se débrouille. On charge et interprète nos propres fichiers GRIB (météo) pour éviter au mieux les coups de Ma’aramu, cet alizé de Sud-Est réputé pour son caractère impétueux en hiver austral (juillet/août) ; on charge des images satellites qui signalent avec une précision suffisante la présence des patates à l’intérieur des lagons et quant aux marées, on tâtonne.
On cherche d’abord à appliquer les recettes des anciens, la pleine mer a lieu lorsque la lune est au méridien du lieu ou à l’antiméridien : « en haut du mât ou sous la quille » ; bof.
On tente d’utiliser les courbes du Commandant Juteau (1935) reprises et validées par la Royale lors des essais nucléaires dans le Pacifique qui exploite la corrélation entre les courants de passe et la hauteur de la lune et suggère d’extrapoler à partir des éphémérides de la lune en fonction de la longitude de l’atoll visé ; bof (on s’inquiète pour la Royale).
On compare les horaires de marées de Fakarava (longitude 145°W43.35) et Makemo (143°W58.30). Makemo étant décalé vers l’Est d’environ 2 degrés les horaires de marée devraient être antérieurs à ceux de Fakarava. Or la basse mer de Makemo est postérieure à celle de Fakarava d’environ 40 minutes ! Il est vrai que l’orientation des passes n’est pas la même : une Nord-Ouest, l’autre Sud-Est, on ne connait pas la résonnance des ondes entre les atolls… Ca s’annonce pittoresque !

Schéma de l’entrée dans la passe d’Arikitamiro – Makemo scotché dans le cockpit. Car une fois engagé, ça va très, très vite ! Un de nous reste à l’avant pour guetter les éventuelles patates.
Stratégie : nous partons avec les horaires de marées fournis par le SHOM et nous présentons devant la passe de préférence le matin, un peu avant l’heure de l’étale, observons la présence éventuelle d’un mascaret à l’extérieur de la passe et décidons d’entrer dans le lagon ou d’attendre (idem pour sortir). Simple et efficace.
La même problématique se pose pour aller plonger dans les passes (dérivantes sans sécu surface), marginalement compliquée par deux facteurs anxiogènes :
- les requins sont partout (eux aussi ont observé qu’il y a plus de poisson dans les passes) et très curieux,
- si on se trompe de sens du courant, on se retrouve expulsé dans l’océan, c’est grand.
L’horaire optimal est une heure avant la fin du courant entrant pour bénéficier d’une eau cristalline qui ramène à l’intérieur du lagon et d’un courant pas trop fort. Or l’inversion peut être très rapide, l’entrant se convertissant en sortant en 10 minutes et entre 20 à 50 minutes avant l’étale de pleine mer pour la passe d’Otao à Tahaena. Drôle !
« Le Paradis est une île. L’Enfer aussi. » (Judith Schalansky – Atlas des îles abandonnées)
Dans nos inconscients WEIRD (Western, Educated, Industrial, Rich, Democratic), l’île par son isolement est un lieu idéal, un espace rêvé pour les utopies et les paradis terrestres.
Mais une fois résident dans cet espace restreint nettement délimité, l’île devient prison. Il faut pouvoir supporter la menace permanente de la houle, s’habituer à la précarité, au sentiment de réclusion, d’abandon à l’écart du monde. L’île se prête alors à la concentration de tout ce qui est indésirable, refoulé et aberrant. Cet état d’exception favorise souvent les actes terribles et dans le Pacifique Sud, les récits ne manquent pas de morts mystérieuses (Floreana – Galapagos), de mœurs inquiétantes (Pukapuka – Iles Cook), d’abus de pouvoirs (Clipperton), de meurtre ou de viol (Pitcairn)…
Enfin, à l’abri des regards du monde, les puissances continentales peuvent attenter aux droits de l’homme, provoquer des catastrophes écologiques ou faire exploser des bombes atomiques.
L’archipel des Tuamotu n’est pas exempt de ce phénomène.

Une image de paradis…
Mouillage devant l’ancien village de Makemo. Celui-ci a été détruit par un cyclone en 1906. Depuis il a été déplacé sur la passe Nord-Est. Le collège y est construit selon les normes anticycloniques.

Mouillage que l’on partage avec d’autres habitants. Le nombre de décès par morsure de requins est faible, inférieur à celui par accident de la route ou par piqure de guêpe. Mais est-ce parce que ce grand prédateur ne s’attaque pas à l’homme ou parce que, confrontés à eux, nous redoublons d’attention ? Dans le désert du Kalahari où lions et hyènes constituent une menace permanente, les !Kungs ont tranché : pas de comportement insouciant, ils vont cependant, avec de simples badines, éloigner ces derniers des cadavres d’antilopes chassées (le bénéfice protéique est supérieur au risque). Pour nous, remonter rapidement le poisson péché est un enjeu 🙂
Ici, dans une classe de Terminale, il est courant que seules 2 jeunes filles sur 20 ne soient pas déjà mères, voire pour la seconde fois – nous sommes en France en 2014.
Les rubriques de faits divers sont remplies de récits de violence inouïe (hache, gourdin) exacerbée par la consommation d’alcool (7 litres de bière, la célèbre Hinano, par personne – homme/femme – pour une soirée est la norme).

L’ensemble du conseil municipal de Pouheva – Makemo est présent lors de la célébration de la Fête du 14 juillet. Au programme : Matin : danses et chants, prières – Apres midi : jeux pour les enfants – Soir : grand bal – destruction des neurones garantie.
Les curieux se procureront « Paganisme ancestral ou dérapage chrétien en Polynésie » de Bruno Saura (Editions Cobalt) qui traite des bûchers de Faaité, atoll central des Tuamotu où, en l’absence temporaire des autorités municipales, trois prêtresses autoproclamées d’une congrégation religieuse (Renouveau Charismatique, outil de l’Eglise Catholique de lutte contre les sectes, en charge de rapatrier les anciens fidèles ayant basculé chez les concurrents – genre Pentecôtistes) ont abusé de la crédulité des habitants pour les convaincre de brûler vif 6 personnes sous motif de sorcellerie. Cet évènement a eu lieu dans les années 1980 – jugement d’assises en 1990 – il y a 30 ans dans un territoire Français, on rêve.

Eglise restaurée du village abandonné d’Otao – Tahanea.
L’influence des prêtres est dominante dans tout l’archipel. Dans les iles, le prêtre d’Eglise Catholique ou Protestante, envoyé de Dieu est celui qui a le pouvoir : « le Mana » et contribue à représenter l’autorité.
Les problématiques îliennes ont, dans le cas de la Polynésie, été amplifiées par l’omniscient, omniprésent, omnipotent CEP – non il ne s’agit pas du petit nom d’un Dieu local mais bien du Centre d’Essai de Polynésie implanté dès 1963.

Opération Canopus au rapport
Date : 24 août 1968. Lieu : Fangataufa.
Objet : bombe à hydrogène, force 2,6 mégatonnes.
Passe dynamitée pour passage dans le lagon : ok.
Lunettes de soleil distribuées aux habitants des atolls voisins : ok.
Observations : nuage géant de vapeur d’eau pulvérisée, ombre en forme d’anneau, vague énorme. Plus rien, plus de maisons, plus d’installations, plus d’arbres.
Consigne : Evacuation pour cause de radioactivité prononcée pour 6 ans.

Instructions du Prez Jacques Chirac
Date : 29 janvier 1996. Lieu : Fangataufa.
Objet : arrêt définitif essais nucléaires souterrains.
Consigne : Motus et bouche cousue.
Au total, 193 essais nucléaires aériens et souterrains ont été conduits sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, le dernier en 1996. Aujourd’hui, la pénétration de cette zone reste soumise à autorisation. La menace de l’effondrement des atolls et de la diffusion de matière radioactive dans l’océan (idem Bikini) n’est pas totalement levée. Les statistiques de malformations à la naissance ou de cancer sur les îles voisines (e.g. Gambiers) font partie du « secret défense »…
La gigantesque manne financière associée à la réalisation des infrastructures logistiques du programme, les salaires élevés, font qu’anecdotiquement, Tahiti devient la ville au monde où se consomme le plus de bouteille de champagne, quelle fierté… mais surtout dans la vraie vie, les rapports au groupe, à l’argent, au travail sont pervertis.
Pour faire passer la pilule irradiante, le gouvernement accorde de nombreux subsides dont certains subsistent de nos jours, par exemple les PPN (produits de première nécessité subventionnés : il s’agissait initialement de farine, sucre, huile, de nos jours, les PPN incluent l’entrecôte extra-tendre de Nouvelle-Zélande, on ne rigole pas). Conséquence immédiate : gain de pouvoir d’achat (permettant d’acheter TV et voiture) et modification drastique du régime alimentaire (moins de poisson et de coco), qui se traduit (aujourd’hui) par une obésité généralisée, diabète à partir de 35 ans, insulinodépendance à 45 ans. La Polynésie est un pays où la cause principale de mortalité est d’origine cardio-vasculaire à l’inverse de notre monde « moderne » qui s’abonne aux cancers et autres dégénérescences.
Mais pas de souci, l’intégralité des frais médicaux est pris en charge par le Gouvernement de Polynésie et Tahiti veille, des pistes d’atterrissages sur les trois quarts des atolls, un avion par semaine, gratuit s’il faut aller voir un spécialiste à l’hôpital central (nous qui pestions contre l’utilisation abusive de VSL, ici on va voir le dentiste pour passer quinze jours à Papeete..) ; rien de surprenant que l’« à quoi bon ?» soit assez commun, ce d’autant que le Polynésien se positionne dans l’instant, le futur ne se conjugue pas, il est à la merci d’une grande vague.
L’arrêt des essais nucléaires a signé la fin de cette manne financière outrancière sans engager d’activité de reconversion. Hormis le tourisme et les transferts de métropole, les rares industries locales résultent fréquemment d’initiatives chinoises, reprise de culture de la perle ou lancement de fermes aquacoles (mise en exploitation de l’atoll d’Hao – sous un régime de concession probablement…)
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Certainement pas l’effet du hasard, quelques pistes peuvent nourrir la réflexion afin de mieux éclairer le conflit entre la réalité (système prédateur mis en place par notre modèle WEIRD et sa foule disparate de colons, missionnaires, touristes…) et l’imaginaire construit de toute pièce par des générations « d’aventuriers » (la Polynésie, les tropiques, l’abondance, la gentillesse, la générosité, le sens de la fête, l’insouciance, l’indolence…).
Il est frappant d’observer où se situent les sources communes d’angoisse et/ou de frustration dans des sociétés différentes ; ces sources d’angoisse sont autant de mesures de la facilité avec laquelle les besoins vitaux sont remplis. Par exemple, des populations de chasseur-cueilleurs vont avoir comme inquiétude principale de trouver la subsistance du jour voire au mieux du lendemain, par contre il n’est guère difficile d’assouvir les besoins sexuels au sein du groupe. A l’inverse, nos sociétés développées qui ont œuvré depuis des millénaires à assurer la sécurité alimentaire (domestication, stockage) n’ont que peu d’angoisse de la pitance journalière, à contrario la satisfaction des besoins sexuels primaires (et secondaires à travers les jeux symboliques puissants à l’œuvre) constitue une source d’attention disproportionnée.
Que pouvons-nous observer relativement aux Tuamotu ?
- un archipel historiquement très isolé de par les difficultés de circulation et soumis à des aléas climatiques d’une rare violence,
- une adaptation traditionnelle des habitants à une forte volatilité de ressources (faible croissance démographique fréquemment régulée par infanticide) et à l’absence de possibilité de stockage de nourriture (en découlent probablement certaines prédispositions au sur-stockage de graisses et donc les pathologies susmentionnées lorsque les ressources sont soudain « infinies »),
- une brutale invasion culturelle visant à remplacer les mythes ancestraux par la Bible, sans mentionner l’esclavage, d’où découlent une atténuation des instances classiques d’arbitrage, une perte de sens, une violence latente permanente contre l’envahisseur (du cannibalisme à la grotte d’Ouvéa quelques miles à l’Ouest),
- une bascule récente (il y a cinquante ans) dans le monde scientiste avec les afflux de capitaux et de modes de vie afférents,
- un abandon quasi instantané de la puissance tutélaire (il y a vingt ans) mais les modes de vie ont été bouleversés : la démographie est forte, la dépendance sur l’extérieur est immense (plus facile et moins cher de trouver du poulet surgelé que du poisson) et les aspirations sont désormais au standard des sociétés développées.
Le tableau est bien noir et cependant nous ne pouvons que saluer l’extraordinaire résilience des personnes que nous avons eu la chance de rencontrer, « même pas mal », bien évidemment l’âpreté des expériences récentes laisse des traces, mais tout semble comme noyé dans les multitudes de bleus, ciel, outremer, lagon et… de Bresse pour les Touristes.
Avec nos meilleures pensées, Santé et Sobriété,
Stéphanie / Christophe
Toao / Pape’ete – Polynésie Française
17 août 2014